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Le blog d'Andronicus Khandjani

Je veux faire connaitre la Bible à mes contemporains. A travers la Bible, Dieu parle aux hommes, sans ce Message l'humanité perd sa part d'humanité

Quelle langue Jésus parlait-Il?

 

Pour ceux qui ont lu le roman de Henryk Sienkiewicz, « quo vadis » à l’époque, il a pu sembler que le Seigneur parlait le latin.  Aujourd’hui où la tendance est de remettre tout en question, le dialogue en latin entre Jésus et Ponce-Pilate, dans « la Passion » de Mel Gibson semble poser question pour certains critiques extrémistes.  Certains  ont pensé que le Seigneur a enseigné en grec, langue du Nouveau Testament.

 

Dans notre réponse, nous allons éviter de poser la question de savoir si, oui ou non, sa divinité lui permettait de communiquer dans toutes les langues. Il s’agit là d’une réponse de la foi que nous ne voudrions pas imposer au lecteur. Nous allons d’abord essayer de comprendre le contexte culturo-linguistique dans lequel le Seigneur a vécu.

 

La situation en Judée et dans l'empire romain

 

Plusieurs siècles depuis l’effondrement de la monarchie judéenne. Depuis Babyloniens, Perses, Grecs et Romains ont dominé la Judée, compte non tenu d’une parenthèse asmonéenne. Ces dominations successives de la Terre Sainte par des empires étrangers, entrainent des changements radicaux dans le paysage culturel et linguistique de la Judée.

 

La Judée de l’époque de Jésus est devenue un pays multiethnique traversée par diverses communautés culturelles et linguistiques. Juifs, Édomites, Phéniciens, Araméens, Grecs et Romains cohabitent dans un espace vital qui va en se rétrécissant.  On y parle au moins quatre langues :

 

1 .L’araméen


Les Juifs, revenus d’exil, ont depuis au moins Esdras, de la peine à lire et à comprendre  l’hébreu, la langue sacrée. A l’époque de Jésus, ils parlent depuis quelques siècles  la principale langue du Moyen-Orient :  l’araméen,.

Toutes les phrases de Jésus, dans la vie quotidienne, sont en araméen : Talitha Qoumi, Effatah…

 

2.L’hébreu classique  ou le cananéen


L’hébreu  est la langue de l’Ancien Testament, c’est la langue sacrée. Parlé durant des siècles, la langue biblique a été graduellement et partiellement supplantée par l’araméen dans la vie quotidienne. Ceci dit, l’hébreu reste une langue écrite et pratiquée, au moins, au niveau de l’élite.  L’hébreu mishnique(MH) est parlée dans les couches cultivées du sud de la Judée alors que l’araméen semble avoir dominé le nord, c’est-à-dire la Galilée. Les écrits de Qumran représentatifs de la littérature de l’époque sont majoritairement en hébreu classique. A ceci s’ajoute de nombreuses épigraphes datant de l’époque.

 

3.Le grec


Le grec est présent au Moyen-Orient depuis l’époque de l’empire assyrien. Dans le livre de Daniel, on retrouve des mots d’origine grecque dont la cithare, dans une forme hellénisée du persan « sitar ». Ceci pour dire que les peuples du Moyen-Orient et du bassin méditerranéen ont subis des influences réciproques. De fait les Philistins sont peut-être des envahisseurs grecs.

 

A partir de la conquête d’Alexandre,  une variante du grec attique, la koïnè devient la langue administrative  de l’empire séleucide, sans doute en concurrence avec le perse et l’araméen, puis de l’empire romain, en concurrence avec le latin.

 

Le grec koïnè est la langue de communication, la langue véhiculaire de l’empire romain, l’équivalent de l’anglais aujourd’hui.  Il semble que les patriciens romains utilisaient le grec en famille. Au moment de sa mort, Jules César adressera une malédiction à Brutus en grec : « καὶ σὺ τέκνον » , « qu’il en soit de même pour toi mon fils ».


A l’époque de Jésus, de nombreuses villes de la terre d’Israël parlent le grec, particulièrement dans la Décapole où des nombreux Israélites « déjudaïsés » vivent en symbiose avec d’autres populations païennes.


Dans certaines villes de Galilée comme Sépphoris et Tibériade, en Galilée étaient majoritairement hellénophone.

 

4.Le latin

D’abord langue du Latium, de Rome et de l’Italie,  le latin  est la langue officielle de l’empire romain. En dépit de ce statut officiel, il peine toutefois à s’imposer même à Rome, comme peut-être l’ukrainien face au russe à Kiev.  Il y est en concurrence avec le grec, langue des classes aisées et de nombreux habitants de Rome.

Depuis Tibère, les décrets sont en latin, même si les provinces de l’empire peuvent communiquer en grec avec la capitale. Le latin s’impose toutefois comme langue véhiculaire, dans les provinces occidentales de l’empire moins hellénisées. Dans la Bible, il est question de « romain » ou « romaisti ».

 

De toutes ces données, il ressort que :

1.                   La Galilée des Nations a été ouverte aux influences multiples, il s’agit d’un microcosme trilingue où cohabitent l’Araméen, l’Hébreu et le Grec

2.                   Toutes les exclamations du Seigneur ainsi que tous noms des lieux  dans la région de Jérusalem sont en Araméen

3.                   Le grec est la langue administrative de l’empire romain. Paul s’adresse au tribun en grec.

4.                   Le latin est la langue des Italiens et des romains peu hellénisées qui servent, entre autres, dans les légions.

La Judée

 

A partir de ces données, on peut conclure que l’Araméen est la première langue parlée de la « Grande Judée », c’est-à-dire la Judée-Samarie-Galilée. L’hébreu classique est resté la langue écrite et sans doute celle l’enseignement.  Si l’hébreu n’est plus la langue de la vie de tous les jours, il reste néanmoins une langue vivante comme le latin jusqu’à l’époque de la réforme.  Luther ne dira-t-il pas de Zwingli : « ne peut-il pas parler latin comme tout le monde ? ».


La sainte famille et la langue de Jésus

 

Jésus descend d’une branche de la dynastie davidique. Les années à Bethléem et les liens familiaux de Marie avec Elizabeth d’Hébron en Judée méridionale suggère des liens récents avec le sud (Luc 1.39 ; 2.4) où l’hébreu est pratiqué dans une certaine mesure surtout dans un milieu lévitique. Le cantique de Marie, bien traduit en grec, obéit aux règles de la poésie hébraïque. La famille de Jésus séjourne dans une Égypte hellénisée. L’épître de Jacques, « frère du Seigneur » utilise un grec élégant si on ne tient pas compte de quelques hébraïsmes. Jésus appartient à une famille peut-être pauvre, mais lettrée.

 

Jésus s’exprime en araméen à plusieurs reprises, mais il lit la thora en hébreu classique et l’explique, sans doute en araméen. Il est supposé connaître le grec parlé à Tibériade et à Sépphoris. Rien n’empêche qu’il ait aussi connu le latin.

 

Quelle langue parlait-Il ?

 

La Réponse à cette question est sans doute complexe. Il faut peut-être poser la question en termes différents : à quelle communauté Jésus appartenait-il ?

 

A l’époque de Jésus, il est question de deux communautés linguistiques dans le judaïsme : les Hellénistes et les Hébreux.  Jésus est un Hébreu, il parle donc selon l’expression du Nouveau Testament, l’hébreu.

 

Ceci dit, l’hébreu dont il est question dans le  NT, ce n’est ni l’hébreu mishnique, ni le judéo-araméen, mais plutôt un système de communication qui exige l’usage,  suivant le contexte,  d’une de ces deux langues cousines. Ce système de communication est caractéristique de la communauté hébraïque de Judée.  Pour situer le lecteur européen, cela pourrait rappeler la situation ayant prévalu en Wallonie où le wallon cohabitait avec le français ou, prévalant toujours  en Suisse alémanique où le Hochdeutsch-l’allemand standard- cohabite avec le Schwytzerdütsch, le dialecte local.

 

Jésus s’exprimait en hébreu classique et en araméen.

 

 

 

 

 

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